Nine AGNERAY-FOFANA

Nine AGNERAY-FOFANA

  • Quel a été ton parcours avant le Collegium Musicæ ?

Je suis tout d’abord violoniste, je me suis produite dans divers ensemble à Lille et à Paris. 
Je suis également titulaire d’un master en musique et musicologie durant lequel j’ai rédigé un mémoire sur les griots traditionnels mandingues interprètes de la kora, traitant aussi de leur adaptation à notre monde musical moderne. Mon projet de recherche doctoral au Collegium Musicæ s’inscrit dans la continuité de ces travaux. 

  • Pourquoi avoir choisi de faire de la recherche interdisciplinaire au Collegium Musicæ ?

L’approche interdisciplinaire développée par le Collegium Musicæ offre une approche méthodologique novatrice et une mobilisation de différentes disciplines nécessaires à mon travail de recherche. Ce dernier permettra d’approfondir l’état des connaissances en ethnomusicologie historique et plus particulièrement sur les spécificités des musiques africaines en dehors de l’Afrique de l’Ouest, mais également en anthropologie visuelle, en philologie musicale vivante et en iconographie musicale. 

Ces disciplines réunies au sein du Collegium Musicæ et les environnements scientifiques des laboratoires impliqués vont me donner l'opportunité de construire mon projet de thèse en utilisant les synergies entre la recherche, la création musicale, la formation, le patrimoine et la pratique musicale. 

  • Peux-tu présenter tes travaux de recherche au Collegium Musicæ ?

Depuis octobre 2022, je prépare une thèse intitulée « La construction du savoir sur les instruments de musique africains à partir de l’iconographie musicale dans les écrits européens du XVIe au XXe siècle ». Son objectif est de répondre à la question suivante : qu’est-ce que les images anciennes d’instruments et de musiciennes et de musiciens dans leur contexte nous apprennent des savoir-faire, des pratiques anciennes et de leur évolution dans le cas particulier des musiques africaines ?
 

Avec l’essor des voyages au XIXe siècle, nous disposons de sources issues d’observations de première main. En revanche, dans les sources antérieures, nous pouvons constater des effets de recomposition d’images, de modification et de réinterprétation, ce qui peut entraîner des contresens organologiques dûs à la mauvaise compréhension des pratiques musicales initialement observées. C’est le cas, par exemple, de l’utilisation d’illustrations issues de récits plus anciens dans certains traités musicaux occidentaux des XVIIe et XVIIIe siècles. Ces écrits ont pourtant, pendant longtemps, déterminé la compréhension des musiques africaines en Europe. 

Ce projet de recherche permettra donc de vérifier la fiabilité de certaines sources de transmission des musiques de tradition orale, de préciser les conditions et le modes de leur transmission, de soutenir et compléter la conservation de ces connaissances musicales. 

Cette thèse contribuera également à la contextualisation et à la datation d'instruments africains dans les collections muséales par la mise au jour, dans l'iconographie, de diverses technologies de facture et de morphologies d’instruments observés à des dates et lieux précis. Plus encore, le présent projet permettra de rendre ces ressources accessibles à la communauté scientifique par la création d'une base de données des images inventoriées incluant son articulation avec les bases de données iconographiques existantes.