Antonio SOMMA

Antonio SOMMA

  • Quel a été ton parcours avant le Collegium Musicæ ?

Je suis originaire d’Italie, j’ai donc fait la majorité de mon parcours là-bas et plus particulièrement à Naples.  J’ai étudié la physique jusqu’en master à l’Università degli Studi di Napoli « Federico II ». En parallèle, j’ai obtenu deux diplômes au Conservatorio di Musica «San Pietro a Majella », en composition et en piano. Je suis doctorant au Collegium Musicæ depuis 2020. 

  • Pourquoi avoir choisi de faire la recherche pluridisciplinaire au Collegium Musicæ ?

Plusieurs disciplines convergent vers cet étrange objet d'étude qu’est la musique. Elle renvoie en même temps au son physique et au monde des vibrations, à la mécanique très raffinée des corps de musiciens et musiciennes, aux aspects perceptifs de son expérience, aux dialogues avec les autres arts, aux liens sociétaux et culturels avec la communauté qui la produit et qui en bénéficie ... Cette multiplicité n'existe qu'aux yeux d'un observateur extérieur qui veut la comprendre, alors qu’une expérience musicale quelle qu’elle soit est un tout unique. Seul un dialogue organique et structuré entre les recherches au biais de ce prisme peut donner l'espoir d'un portrait représentatif de sa complexité : sinon, l'objet « musique » apparaît démembré sous la loupe du chercheur. 

  • Peux-tu présenter tes travaux de recherche au Collegium Musicæ ?

Au fil des années de pratique, le musicien acquiert une connaissance approfondie de son instrument, et parvient à ressentir finement toutes ses nuances sonores. Il est alors capable d’adapter son jeu, il devient un « outil de mesure » et il crée un dialogue sensible avec son instrument afin d’obtenir le résultat le plus achevé possible.  La physique, elle, met en évidence les propriétés mécaniques et sonores des instruments – une approche bien différente de celle de l’instrumentiste. La mise en relation des deux démarches a donc pour effet de faire émerger des contradictions, entre les instrumentistes eux-mêmes, et aussi dans leur dialogue avec les musicologues et les acousticiens.

Mon travail de thèse s’appuie notamment sur l’« interprétation historiquement informée » qui consiste à jouer des instruments de facture ancienne et à les connaître finement : reproduire un son qui, malgré tout, n'existe plus, est un défi artistique et scientifique, qui mène à l'exploration très subtile de ces instruments à la fois anciens et nouveaux. 

Ainsi l'instrumentiste est amené à une transformation en profondeur de sa technique de jeu et de son style qui peuvent aussi bénéficier des apports provenant des recherches en acoustique musicale. 

 

© Virginie Merle