Yann BRETON : L’interprétation historiquement informée de la Symphonie n°5 de Beethoven – études de cas

Après une licence de musicologie à l’université Pierre Mendès-France (Grenoble), un DEM de formation musicale et un CEM de clarinette au CRR de Grenoble, Yann Breton a poursuivi ses études par un master de musicologie à Sorbonne Université. Son mémoire, préparé sous la direction de Jean-Pierre Bartoli et soutenu en 2013, traite de l’imaginaire autour des instruments à vent dans l’Allemagne romantique. En parallèle, il a intégré le CNSMDP et suivi les cours d’esthétique musicale (Christian Accaoui), d’analyse (Michaël Lévinas) et d’organologie (Florence Gétreau).

Curieux de son instrument principal, il a eu la chance de pouvoir bénéficier des cours de clarinette ancienne et chalumeau d’Eric Hoeprich, toujours au CNSMDP. 

Un séjour Erasmus d’un an (2011-2012) à l’université de Halle (Allemagne) lui a permis de compléter sa formation universitaire à l’étranger. 

En 2016, il débute une thèse, encadrée par Jean-Pierre Bartoli et Jean-Dominique Polack, portant sur l’interprétation historiquement informée des symphonies de Beethoven, et en particulier l’articulation entre données historiques et contingences modernes du concert. Ce travail est mené en partenariat avec Insula orchestra, au sein duquel Yann Breton exerce la fonction de bibliothécaire d’orchestre.
 

Yann BRETON : L’interprétation historiquement informée de la Symphonie n°5 de Beethoven – études de cas

Questions de recherches

"L’interprétation historiquement informée de la Symphonie n°5 de Beethoven : études de cas"

L’interprétation historiquement informée implique d’une part de rigoureuses recherches sur le plan historique et d’autre part une prise en compte de l’évolution des pratiques liées au concert. Les symphonies de Beethoven ont été composées à une époque où le concept de concert public payant, tel que nous le connaissons aujourd’hui, est encore en plein développement. Ceci a des conséquences notamment sur les salles pour lesquelles elles ont été conçues à l’origine. On ne peut donc se contenter d’une simple reproduction des pratiques d’époque.

On constatera par ailleurs qu’il a existé, non pas un seul modèle de référence, mais une multiplicité de pratiques autour de ces symphonies, notamment en termes de dispositions et d’effectifs de l’orchestre. Il s’agira dès lors de comprendre l’essence de ces pratiques, pour en tirer le meilleur dans le cadre d’une interprétation au XXIe siècle.

Enfin, l’aspect humain devra être pris en compte. Du côté de l’interprète, chaque musicien exerce un regard critique sur les préconisations héritées du passé et sera appelé à faire des choix en fonction de sa technique et de son ressenti. Du point de vue des auditeurs, le domaine de la perception est sujet à de multiples variations d’un individu à l’autre, que les caractéristiques physiologiques, psychologiques ou encore le conditionnement de l’individu ne suffisent pas toujours à expliquer.
 

Contexte

En décembre 2018, deux expériences ont été menées autour de la Symphonie n°5 de Ludwig van Beethoven avec Insula orchestra, sous la direction de Laurence Equilbey, fondatrice et cheffe de l’ensemble. La première a eu lieu dans le théâtre de l’ancien Conservatoire de Paris, là où le public parisien a découvert pour la première fois les symphonies de Beethoven, il y a près de deux cents ans. Cette expérience, organisée en partenariat avec le LAM (équipe Lutheries, Acoustique, Musique de l'Institut Jean le Rond ∂’Alembert : Benoît Fabre, Claudia Fritz, Laurent Quartier, Jean-Dominique Polack), portait sur les différences de perception entre deux mêmes extraits interprétés dans quatre dispositions d’orchestre différentes. Durant l’expérience, à laquelle ont participé 35 musiciens d’Insula orchestra, un public "cobaye" de 90 personnes a consigné ses réactions dans un questionnaire, dont le dépouillement a permis de mettre en évidence l’importance de la disposition de l’orchestre dans le rendu sonore, autant que la variété de perception d’un individu à l’autre.

La seconde, effectuée dans des conditions moins contrôlées et réunissant l’Insula orchestra et l’Akademie für Alte Musik de Berlin, a consisté à préparer puis à mener une interprétation de la même symphonie à l’auditorium de la Seine Musicale avec un effectif double (vents compris), avec un orchestre divisé en « solistes » et « ripienistes », conformément à la pratique des grands orchestres du XIXe siècle. Ce dispositif a permis de garantir la cohérence et la qualité des passages les plus délicats, d’un point de vue technique et esthétique, par la mobilisation des seuls « solistes », autant que la plénitude des grands tutti auxquels l’orchestre entier a contribué.

Deux ans plus tard, en décembre 2020, Insula orchestra procédait à un enregistrement de la Neuvième symphonie de Beethoven et se lançait dans une nouvelle expérimentation : proposer quatre dispositions différentes à même de mettre en exergue les caractéristiques musicales de chaque mouvement, tout en reproduisant le dispositif solo/tutti déjà mis en œuvre dans la Cinquième symphonie.

Laboratoires d'accueil

  • IReMus, Institut de Recherche en Musicologie, Sorbonne Université
  • Institut Jean le Rond ∂’Alembert, Sorbonne Université